De perle en crabe (suite)

Qui pourrait penser, en voyant bouger frénétiquement les petits crabes ou les ocypodes sur une plage, qu’une belle légende est, à leur origine, celle de Da Tràng.

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Le petit crabe de mer ou l'ocypode.

Après avoir aidé l’armée royale à prévenir une grande crue dans la région, prévenue par les fourmis, Da Tràng gagna la confiance du chef de l’armée qui continua de le conduire à la capitale royale. Un jour, à l’aube, Da Tràng entend les moineaux parler de l’existence à la frontière d’un grand grenier de riz des ennemis qui se préparent attaquer le pays par surprise.

Au moment de se remettre en route, le prisonnier dit au chef de l’escorte : "Le pays voisin a mobilisé une forte armée pour attaquer notre pays. Ses troupes étaient arrivées à la frontière et l’attaque est imminente". "Es-tu sûr de ce que tu dis ?", demanda le chef de l’escorte. À quoi Da Tràng répondit : "Si je fournis un faux renseignement, j’accepterai la mort. Mais si j’ai dit la vérité, rendez-moi ma liberté !". Sur le champ, des éclaireurs furent envoyés pour vérifier ses paroles. À leur retour, Da Tràng fui relâché et le pays sauvé de l’invasion.

Sauver la vie des oies

Da Tràng fut libéré. Il arriva dans une région où vivait un ami de longue date. Ayant appris les souffrances qu’avaient endurées leur ami, les époux s’apitoyèrent profondément sur son infortune. Le repas du soir fut frugal. Avant d’aller au lit, le mari dit à sa femme : "Notre ami arrive à un moment où nous sommes en difficulté. Mais nous avons dans notre basse-cour un couple d’oies. Nous allons demain en tuer une pour le repas".

Le couple d’oies entendit la conversation. Le mâle dit à la femelle : "Je suis prêt à me faire égorger. Reste avec nos petits pour t’occuper bien d’eux pour moi !".

Sur son lit placé près de la fenêtre qui donnait sur la basse-cour, Da Tràng comprit tout et ne voulut pas que le jars aille mourir à cause de lui. Le lendemain, en voyant son ami entrer dans la basse-cour et attraper le mâle, Da Tràng le pria de le lâcher. Devant l’attitude résolue de son ami, le patron laissa la vie sauve à l’animal. Pour préparer le repas, sa femme alla acheter des crevettes au marché.

Au jour de dire au revoir à son ami, Da Tràng vit les deux oies l’attendre. Le mâle lui dit : "Vous m’avez sauvé la vie. En guise de reconnaissance, je vous offre cette précieuse perle. Portez-la sur vous ! Vous pourrez vous déplacer aisément dans l’eau. Si vous l’agitez dans la mer, vous la secouerez jusqu’au fond. Quant aux petites crevettes qui m’ont épargné la mort, désormais les oies ne leur feront aucun mal".

Da Tràng remercia le jars. Il prit la perle et continua sa route. Arrivé au bord de la mer, l’homme voulut voir avec hâte l’effet du cadeau. Il se jeta dans la mer et, immédiatement, les eaux s’ouvrirent à son passage. II se mit alors à agiter la perle. Au Royaume des eaux ce jour-là, le roi et ses ministres tenaient réunion. Lorsque ceux-ci virent le palais violemment secoué, au risque de s’écrouler, ils s’affolèrent. Des soldats furent envoyés en reconnaissance. Les éclaireurs du roi trouvèrent Da Tràng en train d’agiter la perle et l’invitèrent à descendre au Royaume des eaux.

Devant le roi, Da Tràng expliqua qu’il ne faisait qu’essayer l’efficacité de sa perle magique. "Qu’arriverait-il à nous si cet homme agita souvent sa perle ?", se demanda le roi, de peur du danger pour son royaume. Pour gagner sa sympathie, le roi reçut Da Tràng royalement et, à son départ, lui remit d’énormes objets précieux. Da Tràng fut reconduit jusque chez lui par des soldats du roi. Ses voisins le félicitèrent de ses richesses. Par la suite, il ne se sépara jamais de ses deux précieuses perles. Il les mit dans un sachet qu’il pendit à son cou.

Trahison de la femme

Par un beau matin de printemps, Da Tràng se rendit dans un village pour assister à l’anniversaire de la mort d’un proche. Au milieu du repas, il porta machinalement la main à son cou et se rendit compte qu’il avait oublié son petit sac contenant deux perles. Il rentra chez lui et fouilla toute sa maison sans les trouver. La recherche fut vaine. Il chercha sa femme mais elle était partie. Da Tràng vit un morceau de papier attaché à la porte et reconnut l’écriture de sa femme.

L’histoire sur les petits crabes de mer ou les ocypodes est l’un des contes les plus lus par les enfants vietnamiens.

Dans son message, la femme dit que si elle remettait au roi des eaux le sachet de perles, il la ferait reine et qu’en l’absence de son mari, elle les a emportées au Royaume des eaux. Ce qu’écrivit sa femme le rendit totalement fou. Il ne s’attendait pas à une telle trahison. Il n’imaginait pas que le roi des eaux pût employer de telles ruses. Da Tràng demeura inconsolable. Il y pensa jour et nuit, ne prit plus goût à rien. Il pleurait sans fin l’irréparable perte.

À force de retourner dans son cerveau les moyens de retrouver son bien, il conçut l’idée de combler la mer. Il chercha à charrier le sable et l’accumula sur le rivage pour combler la mer et ouvrir un chemin en espérant qu’il lui conduira au Royaume des eaux. Patiemment, il s’est mis à l’œuvre, du matin au soir, jour après jour, jusqu’au moment où, épuisé de fatigue, il rendit l’âme et se transforma en un minuscule crabe de sable, un ocypode.

De nos jours, quand vous allez sur la plage de bon matin, à la marée descendante, vous y remarquerez d’innombrables petites boules de sable. C’est l’œuvre des ocypodes qui pullulent sous vos pas et qui, à la moindre alerte, disparaissent dans leurs trous. À l’aide de leurs pinces, ils roulent très rapidement le sable en boule, mais une seule vague suffit pour détruire tout leur travail. Ils recommencent à creuser et à rouler, infatigables jusqu’à la vague suivante.

On dit que l’âme inconsolée de Da Tràng, passée dans ce peuple de crabes minuscules, ne cesse de penser aux perles magiques et poursuit sa tentative de combler la mer pour créer un chemin vers le Royaume des eaux.


Ông Ngoai/CVN

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