Gióng, le héros de fer

Il est des légendes qui vivent dans le cœur des hommes à travers le temps. Elles s’attachent à la mémoire comme une façon de dire à chacun : "Souviens-toi !".

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Thánh Gióng, l'histoire sur un enfant prodige devenu un héro contre les envahisseurs pour protéger le pays.

Phù Dông, un petit village le long du fleuve Rouge, en banlieue de Hanoï. Une région qui aurait pu rester oubliée de tous, juste traversée par la Nationale 1A qui mène de la capitale à la province de Lang Son (Nord). Mais pour sa gloire, ce petit village a vu naître Phù Dông Thiên Vuong (Prince céleste de Phù Dông), encore nommé Thánh Gióng (Saint Gióng). La légende millénaire qui vante les exploits de cet enfant soldat est connue de tous les Vietnamiens, petits et grands.

Un enfant hors de l’ordinaire

C’était sous le règne du sixième roi Hùng. En ce temps-là, le royaume du Sud connaissait de durs moments. Des envahisseurs brûlaient sans pitié villes et villages et saccageaient champs et jardins. Personne ne pouvait leur résister. Rien ne semblait pouvoir arrêter ce flot meurtrier. Les lamentations et les appels à l’aide d’un peuple en souffrance montèrent jusqu’au Ciel. En les entendant, l’empereur céleste fut pris de compassion et décida d’intervenir. Il convoqua le Génie de la foudre, et lui parla ainsi : "Génie, voici le moment de payer tes dettes à l’égard des hommes pour tous les dommages que tu leur causes lors des tempêtes et ouragans. Envoie ton fils sur la terre, afin qu’il sauve ce royaume !". Puis, l’Empereur apparut en songe au roi Hùng et lui ordonna de chercher, à travers le pays, un héros capable d’affronter l’ennemi et de sauver la Patrie.

À la même époque, dans un village qui s’appelait alors Ke Dông, vivait une femme qui, plus très jeune, n’avait point trouvé de mari. Un jour, alors qu’elle sarclait ses plates-bandes, elle mit à jour une empreinte de pied gigantesque. Intriguée, elle posa son pied dessus. Aussitôt elle sentit un trait de feu la parcourir toute entière. Et peu de temps après, elle donna naissance à un fils, qu’elle baptisa Gióng.

L’enfant grandit normalement. Mais contrairement aux autres enfants, il ne riait pas et à trois ans, il n’avait encore jamais prononcé le moindre mot. Il passait ses journées allongées sans bouger. Un jour, les envoyés du roi qui sillonnaient le pays en quête d’un héros pour sauver la Patrie, arrivèrent dans le village de Ke Dông.  Dès que leurs trompettes retentirent pour annoncer leur venue, Gióng se leva brusquement et s’écria : "Maman, fais venir les envoyés du roi !".

Stupéfaite de voir son fils parler, la mère courut les chercher pour les conduire à son chevet. Gióng leur dit : "Retournez sur le champ à la Cour et dites au roi qu’il me faut un cheval de fer géant, qu’il me fasse aussi forger une armure robuste, un casque de fer et une épée bien affûtée. Avec cela, j’anéantirai l’ennemi !".

Un héros extraordinaire

Abasourdi, l’envoyé royal n’osa rien répliquer. Il sauta en selle et galopa sans s’arrêter jusqu’à la Cour. Quand le roi fut mis au courant des exigences du garçon, il ne douta pas avoir trouvé son héros. Il convoqua aussitôt ses ministres et ses mandarins pour les informer et leur demander de réaliser ce que le garçon avait demandé.

Quant à Gióng, après avoir parlé pour la première fois, il grandît d’une façon extraordinaire. Il mangeait énormément et les habits neufs que sa mère lui confectionnait le matin craquaient le soir même. Très vite, la pauvre femme n’eût plus assez de riz pour le nourrir, ni d’étoffe pour le vêtir. Le cheval et l’équipement royal furent envoyés à Ke Dông. Dès que Gióng tapota légèrement le dos de sa monture, celle-ci s’effondra comme un tas de sable. On lui envoya la deuxième, peu de temps après, bien que plus grande et robuste que la première, la seconde ne résista pas mieux au poids du jeune homme. Quand il voulut essayer l’armure, les plaques métalliques sautèrent de tous les côtés.

Pour honorer le Saint Gióng, une fête dédiée à lui est organisée chaque année du 6e au 9e jours du 4e mois lunaire à Soc Son, en banlieue de Hanoï.
Photo : CTV/CVN

Le roi ordonna alors de faire fondre tous les tambours, tous les gongs, toutes les cloches. Aux quatre coins du pays, le jour comme la nuit, le peuple forgeait, les flammes des forges rugissaient, la sueur coulait à flots. Enfin, le travail fut achevé. Le héros sortit de chez lui, coiffa le casque, enfila son armure et se mit en selle, son fouet en fer à la main.

Aussitôt, le cheval de fer prit vie : il poussa un hennissement retentissant, et des flammes sortirent de ses naseaux. Sur son dos, Gióng se précipita alors au beau milieu des ennemis. Il pourchassait de sa fureur tous ceux qui avaient dévasté son pays. Quand le fouet se rompit à son tour, il arracha des bambous et acheva ainsi d’anéantir les troupes ennemies. Ensuite, le héros repartit au grand galop vers les monts Soc Son. Là, il ôta sa cuirasse, se tourna vers son village natal et se prosterna pour faire ses adieux à sa mère et aux villageois. Il parcourut encore du regard ce pays qu’il aimait et murmura avec émotion "Bonne chance, mon Royaume du Sud !". Puis, il enfourcha son cheval divin et s’envola pour disparaître dans l’azur.

En son honneur, le roi fit édifier dans le village, rebaptisé Phù Dông, un temple en l’honneur du sauveur de la patrie, et Gióng se vit décerner le titre de "Prince céleste de Phù Dông". Ce temple existe toujours de nos jours et l’on vient toujours admirer en ce lieu les traces laissées par les sabots du cheval de fer, traces qui sont devenues avec le temps une série de petits lacs circulaires.

Quant aux bambous qui poussent dans cette région, ils paraissent roussis par des flammes, comme celles qui sortaient jadis des naseaux du cheval. Une magnifique légende que l’on célèbre chaque année, du 6e au 9e jours du 4e mois lunaire… en souvenir du héros Gióng.


Ông Ngoai/CVN

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