Intensifier la lutte contre le trafic d’animaux sauvages

Le trafic d’animaux sauvages reste encore un problème au Vietnam. Les effectifs de nombreuses espèces précieuses et endémiques ont diminué et certaines d’entre elles sont même en danger d’extinction. Pour les préserver, les efforts de toute la communauté sont indispensables.

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Nécessité de protéger les doucs langurs à pattes noires, une espèce de primate précieuse vivant dans la Réserve de biosphère de Nui Chua, province de Ninh Thuân (Centre)
Photo : VNA/CVN

Des animaux sauvages font l’objet d’un trafic illégal non seulement à l’intérieur du Vietnam mais aussi de l’autre côté de la frontière, faisant du pays un lieu de transit pour les réseaux criminels de trafic d’ivoire, d’écailles de pangolin et de cornes de rhinocéros en provenance d’Afrique.

Des chiffres alarmants

Selon la Société pour la conservation de la vie sauvage (WCS en anglais), ces cinq dernières années, plus de 11.000 animaux sauvages ont été mis en vente sur Internet.

De 2013 à 2017, le Vietnam a enregistré 1.504 violations des règles relatives à la faune impliquant 1.461 personnes. Plus de 180 espèces sauvages ont été illégalement transportées, mises en cage, chassées et trafiquées au cours de cette période.

Un rapport de l’Agence internationale d’enquête sur l’environnement a montré que durant la période 2014-2019, le pays a mis au jour plus de 600 cas de trafic d’espèces sauvages, saisissant 105 tonnes d’ivoire (soit plus de 15.700 éléphants tués), ainsi que 1,69 tonne de corne de rhinocéros (équivalent à 610 animaux) ; peaux, os et autres produits d’environ 228 tigres ; et le corps et les écailles d’environ 65.510 pangolins.

Les résultats d’un projet de protection des éléphants au Vietnam mis en œuvre sur la période 2013-2020 ont montré que le pays comptait aujourd’hui moins de 120 pachydermes sauvages. Parallèlement, d’après les statistiques de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), en 2015, moins de cinq tigres vivaient dans la nature au Vietnam. Le Livre Rouge de l’UICN indique que les tigres disparaissent en raison du braconnage et du trafic.

Concernant les oiseaux sauvages, des organisations non gouvernementales vietnamiennes et internationales ont découvert des points chauds dans le trafic tels que Thanh Hoa (province de Long An), Tam Nông (province de Dông Thap) au Sud ou des zones autour des parcs nationaux de Xuân Thuy ou Cát Bà au Nord.

Le directeur adjoint de l’organe de gestion de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) du Vietnam, Vuong Tiên Manh, a fait savoir que "Le trafic d’espèces sauvages s’est développé de manière compliquée ces dernières années avec la participation de réseaux internationaux de contrebande".

Entre 2016 et 2020, les organismes compétents ont découvert de nombreux cas de contrebande d’animaux sauvages originaires de l’extérieur du pays, notamment la saisie de 9,1 tonnes d’ivoire au port de Tiên Sa dans le centre-ville de Dà Nang en 2019 et 93 kg de cornes de rhinocéros à l’aéroport international de Tân Son Nhât en décembre 2020.

La vente d’animaux sauvages sur les marchés traditionnels a maintenant été remplacée par des méthodes en ligne via les réseaux sociaux et les sites de commerce électronique. Le directeur adjoint de l’Éducation pour la nature (ENV), Bùi Thi Hà, a informé que son établissement avait enregistré 1.759 cas de violations relatives aux animaux sauvages via Internet en 2020 et 1.788 cas via les réseaux sociaux et les sites de commerce électronique au cours des trois premiers trimestres de 2021.

Nécessité de mesures plus strictes

Au Centre de sauvetage, de préservation, et de développement des êtres vivants de Kiên Giang (Sud).
Photo : VNA/CVN

Selon de nombreux experts et gestionnaires, bien que l’État ait publié de nombreuses réglementations pour protéger les animaux sauvages, cette tâche n’a pas été suffisamment efficace en raison de réglementations se chevauchant et incohérentes, et de nombreux problèmes apparaissant dans la réalité sans un ajustement approprié des réglementations connexes. Ils ont proposé de revoir, amender et compléter progressivement le cadre juridique tout en élaborant une loi sur la protection des animaux sauvages.

Concernant les réglementations sur l’élevage d’un certain nombre d’espèces rares et précieuses menacées d’extinction et prioritaires pour la protection, d’après la directrice adjointe d’ENV, Bùi Thi Hà, les agences et localités autorisées devaient renforcer la gestion de l’élevage d’animaux sauvages à des fins commerciales.

Pour Hoàng Thi Minh Hông, directrice de CHANGE, une organisation à but non lucratif pour la protection de l’environnement, la plupart des localités qui deviennent des points chauds du commerce illégal d’espèces sauvages manquent de ressources humaines pour la supervision des trafics. Jusqu’à encore récemment, peu d’attention était accordée au commerce et aux transactions en ligne. Les tâches d’inspection et de surveillance se heurtaient également à de nombreuses difficultés car il n’était pas facile de distinguer les animaux sauvages interdits de chasse, de commerce, de transport et de consommation de ceux dont le commerce est autorisé. Les lacunes ont appelé à plus de détermination et d’efforts accrus de la part des autorités locales.

Afin d’empêcher le commerce illégal d’animaux sauvages et de limiter le risque d’épidémie d’origine animale, les organismes compétents devraient éliminer tous les marchés illégaux, clarifier les responsabilités des autorités des localités où des violations se produisent.

Vuong Tiên Manh, directeur adjoint de la CITES Vietnam, souligne la nécessité d’augmenter les inspections et de punir strictement les contrevenants ainsi que de promouvoir la diffusion d’informations pour sensibiliser le public au commerce illégal d’espèces sauvages et à l’arrêt de la consommation de produits d’animaux sauvages.

Outre les nombreuses réglementations déjà existantes, le Premier ministre a publié une directive en juillet 2020 portant sur un certain nombre de mesures urgentes pour la gestion de la faune, notamment une demande d’interdiction des importations d’animaux sauvages vivants et l’élimination des marchés illégaux d’espèces sauvages.

Pour prévenir les violations des espèces sauvages via Internet, la directive a également souligné les responsabilités des ministères et des agences dans la prévention et le traitement strict des activités de promotion et de commerce en ligne des produits de la faune interdits par les lois.


Huong Linh/CVN

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