La France plonge dans les turbulences après les législatives

Des tractations tous azimut ont débuté lundi 20 juin au Parlement, à l'Élysée et dans les partis pour tirer les conséquences du séisme des législatives, qui mettent le paysage politique sens dessus dessous, avec le risque désormais d'un pays ingouvernable.

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Le président Emmanuel Macron vote au second tour des législatives à La Touquet, le 19 juin.
Photo : AFP/VNA/CVN

Présenté comme la principale victime du scrutin, Emmanuel Macron restait silencieux à l'Élysée, où il s'est entretenu au cours d'un déjeuner avec la Première ministre Elisabeth Borne et les ténors d'Ensemble!, Edouard Philippe et François Bayrou.

Deux mois seulement après sa réélection, le chef de l'État est déjà au pied du mur. Doit-il garder Elisabeth Borne après quelques semaines à Matignon ? Et comment peut-il réorienter politiquement le gouvernement pour tenter d'atteindre une majorité absolue à l'Assemblée ?

"Il est déterminé à continuer à agir pour l'intérêt supérieur des Françaises et des Français", a simplement indiqué son entourage.

"Ma hantise, c'est que le pays soit bloqué", a reconnu la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire, en résumant les craintes de l'exécutif. "Il va falloir de l'imagination, de l'audace, de l'ouverture", a-t-elle estimé, réitérant l'idée d'une main tendue à destination de "tous ceux qui veulent faire avancer le pays".

Mais cet appel à "une majorité d'action", lancé dès dimanche soir 19 juin par Elisabeth Borne, a été fermement rejeté par les oppositions, à l'exception de quelques élus de droite ou de centre-gauche.

Les macronistes d'Ensemble! sont loin de la majorité absolue, fixée à 289 sièges sur 577, en obtenant 245 députés, devant la coalition de gauche Nupes et ses alliés (137 sièges) et le Rassemblement national, qui réalise une percée historique (89 sièges), selon un décompte AFP, avec un taux d'abstention de 53,79%.

"Blocage des réformes"

"Emmanuel Macron doit tenir compte du résultat de ces élections, il doit changer de ligne politique, changer de Premier ministre et de gouvernement" a appelé Valérie Pécresse, l'ancienne candidate de LR à la présidentielle, à l'instar de nombreux autres responsables du parti de droite, arrivé quatrième dimanche.

Après un quinquennat où le chef d'État a "piétiné le Parlement comme jamais, (...) il a maintenant un Parlement qui ne sera pas composé que de Playmobil", a averti Mathilde Panot, l'une des 137 élus de la coalition de gauche Nupes, deuxième force à l'Assemblée. Elle a déjà réclamé la démission de Mme Borne et annoncé "une motion de censure" contre son gouvernement.

Dans un bureau de vote à Le Touquet, le 19 juin.
Photo : AFP/VNA/CVN

Même intransigeance au Rassemblement national, fort de ses 89 élus, un record dans son histoire. Marine Le Pen a prévenu sa détermination à "mettre en œuvre le blocage de toutes les réformes (...) nocives, au premier rang desquelles la retraite à 65 ans".

Les tout prochains jours s'annoncent donc agités pour M. Macron avant qu'il ne soit happé dans un tunnel d'obligations internationales (Conseil européen, G7, sommet de l'OTAN) à partir de jeudi 23 juin.

Un remaniement est inévitable pour remplacer les trois ministres battus dimanche 19 juin : Amélie de Montchalin à la Transition écologique, Brigitte Bourguignon à la Santé et Justine Benin à la Mer.

La porte-parole Olivia Grégoire a souligné que l'examen du projet de loi sur le pouvoir d'achat, prévu cet été, constituera "l'épreuve de vérité" pour le RN et la Nupes.

Divergences à la Nupes

En attendant, la coalition de gauche va devoir s'organiser à l'Assemblée. Mais les premières fractures sont apparues lundi avec le refus par le Parti socialiste, EELV et le PCF de la proposition de Jean-Luc Mélenchon de former un groupe unique.

"La gauche est plurielle, elle est représentée dans sa diversité à l'Assemblée Nationale. Vouloir supprimer cette diversité est une erreur, et je m'y oppose", a déclaré la députée socialiste Valérie Rabault, présidente sortante du groupe PS.

Un peu plus tôt, Jean-Luc Mélenchon avait exprimé son inquiétude que le statut de première opposition à Emmanuel Macron ne soit remis en cause par un éparpillement des forces, ce qui permettrait au RN de prendre la place.

Estimant que le parti d'extrême droite était le deuxième le plus puissant, Marine Le Pen a réclamé que la présidence de la Commission des finances de l'Assemblée, aux pouvoirs étendus, revienne à un de ses députés.

Marine Le Pen a par ailleurs indiqué qu'elle ne reprendrait pas la tête du RN, dont le président par intérim est Jordan Bardella, préférant "se concentrer sur la présidence" du "très grand groupe" à l'Assemblée.

Quelques heures après avoir été élus, les premiers députés ont fait lundi 20 juin leur entrée à l'Assemblée. Avec émotion pour les nouveaux. "Je suis très touché", a reconnu Charles Rodwell, élu à 25 ans député des Yvelines. Tous s'attendent à des séances agitées. "Comptez sur nous pour être offensifs", a prévenu l'insoumise Clémentine Autain.

AFP/VNA/CVN

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