L'OMS accuse des pays riches de saper le système de distribution de vaccins aux pays pauvres

Le patron de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a accusé lundi 22 février certains pays riches de "saper" le dispositif de distribution de vaccins anti-COVID, Covax, destiné notamment au pays défavorisés, en persistant à approcher directement les fabricants pour avoir accès à davantage de doses.

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Le président allemand Frank-Walter Steinmeier (droite) participe à une conférence de presse par visioconférence avec le directeur général de OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, à Berlin le 22 février.
Le président allemand Frank-Walter Steinmeier (droite) participe à une conférence de presse par visioconférence avec le directeur général de OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, à Berlin le 22 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Certains pays riches sont actuellement en train d'approcher les fabricants pour s'assurer l'accès à des doses de vaccins supplémentaires, ce qui a un effet sur les contrats avec Covax," a déclaré le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d'une conférence de presse commune par visioconférence avec le président allemand Frank-Walter Steinmeier.

"Le nombre de doses allouées à Covax a été réduit à cause de cela," a-t-il ajouté.

Le système Covax a été mis en place pour tenter d'éviter que les pays riches ne s'accaparent l'ensemble des doses de vaccin qui sont encore fabriquées en quantités trop réduites pour répondre à la demande mondiale.

Le système Covax comprend notamment un mécanisme de financement qui doit permettre à 92 économies à faible et moyen revenu d'avoir accès aux vaccins.

Mais la pénurie de vaccins fait que les premières distributions aux pays démunis ne devraient pas avoir lieu avant la fin du mois quand dans beaucoup de pays riches les campagnes de vaccination ont commencé fin 2020.

Augmenter la production

Répondant à une question sur les engagement conséquents pris par les États-Unis, l'Union européenne et l'Allemagne d'augmenter sensiblement leur contribution à Covax, le directeur général a laissé paraître sa frustration.

Un Japonais se fait vacciner contre le COVID-19 à Hokkaido, au Nord du Japon, le 19 février.
Photo : Kyodo/VNA/CVN

"Avoir l'argent ne veut rien dire, si vous ne pouvez pas l'utiliser pour acheter des vaccins", a-t-il dit.

"Nous pouvons seulement livrer des vaccins aux pays membres de Covax si les pays riches coopèrent en respectant les contrats passés par Covax", a-t-il insisté, enjoignant à ces pays, qu'il n'a pas cités, de s'assurer que leur comportement ne sape pas le système de distribution chapeauté entre autres par l'OMS et l'alliance pour les vaccins (Gavi).

Et de lâcher : "Mais je ne pense pas qu'ils se posent la question".

Frank-Walter Steinmeier a lui aussi plaidé pour que les vaccins soient plus largement distribués, pour des raisons morales mais aussi parce que c'est dans l'intérêt bien compris de tous d'éradiquer le virus rapidement, pour éviter que des variants, parfois plus dangereux, ne continuent d'éclore un peu partout. Mais, a-t-il reconnu, "les gouvernements ont d'abord et avant tout une obligation envers leur population".

Le Dr Tedros a apporté son soutien à l'idée de suspendre la propriété intellectuelle sur les vaccins anti-COVID pour pouvoir rapidement augmenter leur production. Une proposition dans ce sens est discutée depuis l'année dernière à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) mais elle est fermement contestée par l'industrie pharmaceutique et un certain nombre de grands pays où celle-ci est basée.

Il a aussi appelé les fabricants qui ne produisent pas leur propre vaccin anti-COVID à mettre leurs capacités de production à disposition de leurs concurrents, à l'instar d'une initiative prise par le Français Sanofi.

"Des licences non-exclusives seraient un moyen supplémentaire" de produire plus vite, a-t-il expliqué, reconnaissant que tant qu'il y aurait pénurie les gens resteraient sourds à l'appel à partager les vaccins avec l'ensemble de la communauté internationale.


AFP/VNA/CVN

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