Phô Nhà Tho, le premier roman en vietnamien d’un étranger

Sorti en septembre, Phô Nhà Tho du Serbe Marko Nikolic est une histoire romantique mettant en scène la vie d’un Français à Hanoï, ainsi que les différences culturelles auxquelles il fait face et ses remises en question après un échec amoureux.

>>La littérature vietnamienne à l’ère de l’intégration internationale

>>Un Japonais amoureux de la littérature vietnamienne

Le Serbe Marko Nikolic.
Photo : CTV/CVN

Le fait d’écrire dans une langue qui n’est pas la sienne est un véritable tour de force, surtout en vietnamien, une langue considérée par la plupart comme étant difficile. Un défi que Marco Nikolic a cependant volontiers relevé. Son roman intitulé Phô Nhà Tho (rue Nhà Tho) relate l’histoire d’un Français vivant à Hanoï dans laquelle se mêlent sentiments et impressions de sa vie en tant qu’étranger dans un pays à l’autre bout du monde, dans cette ville asiatique dont il est tombé amoureux.

Le roman en quelques lignes

Le personnage principal est Nicolas, un jeune Français élégant qui se rend pour la première fois à Hanoï, "une ville qui a de l’âme" et dont le paysage ambiant rappelle celui "d’un studio de film historique romantique".

De milieu aisé et ressortissant d’un pays développé, Nicolas se prend pour le nombril du monde. Son côté Casanova le rend orgueilleux et il pense pouvoir séduire n’importe quelle femme. Pour lui, l’amour n’est qu’un jeu dont il connaît toutes les règles et qui ne laisse pas de place au hasard. Égoïste, colérique, sévère et enclin à la critique concernant la vie locale, la vie du jeune Français bascule quand il fait la rencontre de la belle Trà My qui lui brise le cœur. Il se remet alors en question et décide de faire face à ses erreurs.

Nicolas, sous la plume de Marko Nikolic, est un homme rempli de perceptions erronées du pays dans lequel il vit mais également, de lui-même. Il pensait que la vie locale était rudimentaire et qu’il était, par conséquent, de classe supérieure.

Le roman se penche ainsi sur ce processus de réflexion du personnage, de se découvrir, ou se redécouvrir, en terre inconnue. Avec plus de 300 pages, le roman réfléchit sur des thématiques universelles telles que la vie et l’Homme, le tout rythmé par les observations d’un étranger vivant au Vietnam. "Les êtres humains, quelle que soit leur origine, ont tous des points forts et faibles. Ce qui importe, c’est de savoir les reconnaître pour s’améliorer", partage Marko.

"Phô Nhà Tho" de Marko Nikolic est le premier roman écrit en vietnamien par un auteur étranger.
Photo : NVCC/CVN

En avouant que le personnage principal s’inspire en grande partie de lui-même, l’écrivain ne cache pas d’avoir été égoïste voire odieux dans le passé. Après bien des hauts mais surtout des bas, une nouvelle version de Marko voit le jour. Elle n’est certes pas parfaite mais au moins elle sait maintenant qui elle est et où elle va.

En ce qui concerne l’idée d’écrire un roman en vietnamien, elle a germé dans la tête de l’auteur il y a cinq ans, au moment où il est arrivé à Hanoï. Il a alors pris un an pour sa préparation et encore un an pour sa rédaction avant de déposer son manuscrit à une maison d’édition.

En tant que premier roman écrit en vietnamien par un étranger, Phô Nhà Tho a reçu beaucoup de soutien de la part du public. Il est en effet indéniable que la majorité des lecteurs sont d’abord curieux de voir comment un étranger "se débrouille" en vietnamien. Nikolic, quant à lui, révèle qu’il a dû beaucoup réfléchir, travailler et continuellement vérifier la grammaire de ses phrases avant la finition.

Et une fois qu’on "arrive" à Phô Nhà Tho, on est immédiatement conquis par un style coulant, aisé et naturel. En outre, avec un vocabulaire varié, des proverbes divers, l’utilisation d’argot et de dialecte, Marko Nikolic montre une maîtrise de la langue vietnamienne plus que louable.

Hanoï et littérature à cœur

N’exprimant pas souvent ses sentiments et émotions, Nikolic aime bien "parler" avec les mots et s’est initié à la rédaction d’ouvrages littéraires dès l’âge de 14 ans. Selon lui, la littérature n’a pas pour but d’atteindre une certaine valeur artistique, mais d’aider l’Homme à briser ses illusions. "Ce sont ces illusions qui sont à l’origine de nos erreurs et qui nous empêchent de reconnaître ce qui fait notre bonheur", affirme-t-il. "+Un jour, j’ai réalisé que j’avais perdu Trà My, qu’elle ne reviendra jamais. C’est à ce moment que j’ai pris conscience de ma perte+, s’attriste Nicolas", explique une citation du roman.

Âgé d’une trentaine d’années, Marko Nikolic a voyagé dans 70 pays et territoires. Il a décidé de poser des valises au Vietnam en 2014. "J’aime bien la vie ici, les parcs, restaurants, cafés, églises… Je n’ai pas l’intention de déménager dans un autre pays car je me suis bien adapté et je peux réussir ma vie ici", répond-il à la question "pourquoi avoir choisi le Vietnam comme pays d’accueil ?"

Outre les mésaventures du jeune Nicolas et la vie hanoïenne sous la loupe d’une culture étrangère, Phô Nhà Tho n’oublie pas non plus de tacler plusieurs problématiques d’actualité telles que la pollution de l’air notamment. "Je ne veux pas que mon roman soit remarqué uniquement parce que je suis étranger, je souhaite sincèrement être reconnu et soutenu par le public pour mes qualités littéraires, mon style ainsi que ma vision", partage le Serbe.

Phô Nhà Tho est le 3e roman de Marko Nikolic. Les deux premiers ont été publiés en Europe.

Mai Quynh/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam.

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top