Tang A Pâu, un photographe féru de nature sauvage

Amoureux de la nature et féru de photographie, Tang A Pâu a immortalisé en 20 ans d’activité plus de 500 espèces d’oiseaux. Le cercle des photographes professionnels au Vietnam l’a surnommé à juste titre "L’homme de la forêt".

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Le photographe des oiseaux sauvages Tang A Pâu.

Tang A Pâu, 63 ans, est issu de l’ethnie Nùng, né à Binh Thuân (Centre). Il est connu des photographes comme étant un passionné de nature sauvage. Par le biais de ses clichés, il encourage toute la société à protéger les ressources naturelles, en particulier les oiseaux menacés de disparition.

Il est difficile de lui contester le surnom de "L’homme de la forêt" car il passe la plus grande partie de son temps dans la nature, photographiant les animaux. Il a notamment documenté les écosystèmes des Parc nationaux de Cát Tiên (situé sur les provinces de Dông Nai, Binh Phuoc et Lâm Dông), de Bidoup - Núi Bà (Lâm Dông), de Tràm Chim (Dông Tháp), de Kon Ka Kinh (Gia Lai), de Cúc Phuong (Ninh Binh) ; ainsi que de la Réserve naturelle de Hòn Bà (Khánh Hoà).

Photographier pour se souvenir

Ces 20 dernières années, Tang A Pâu a photographié quelque 500 espèces d’oiseaux à travers le Vietnam, soit les deux tiers du nombre total de ces espèces tétrapodes recensées dans le pays à ce jour (731 espèces). Mais une collection de photos ne fait pas le photographe. L’"homme de la forêt" réussit, lui, à immortaliser les oiseaux dans des moments uniques, sur le vif ou de manière intimiste.

Le Garrulax du Kon Ka Kinh (Garrulax konkakinhensis), une espèce endémique du Vietnam.

Avant de se consacrer à la photographie, Tang A Pâu a étudié la foresterie. Son premier travail l’a amené à parcourir les forêts pour dessiner des cartes. Il a effectué sa première mission dans la forêt de Ma Dà, province de Dông Nai (Sud). Ensuite, il s’est détourné du monde naturel pour s’engager dans les affaires. C’est de nombreuses années plus tard, lorsqu’il s’est décidé à partir à la redécouverte des forêts qu’il avait visitées pendant ses études, qu’il s’est étonné qu’un si grand nombre d’entre elles avaient disparu. C’est de cette prise de conscience qu’est née son envie de les capturer : "Prendre des photos des forêts est ma façon de garder les beaux souvenirs de l’endroit où j’ai passé la majeure partie de ma jeunesse".

Le premier oiseau qu’il a photo-graphié est l’un des plus beaux et rares du Vietnam - le Tchitrec de paradis (Terpsi-phone paradisi). Il se souvient des déboires de ses débuts, comme ce voyage à Ngoc Linh, dans la province de Kon Tum (hauts plateaux du Centre), en 2015. Il y resta trois jours et nuits à traquer la grive à ailes dorées.

Au moment où elle fit son apparition, Tàng A Pâu n’était pas prêt et ne put la photographier comme il le voulait. Mais cela ne l’a pas découragé, bien au contraire ! "Chaque voyage dans une forêt est un souvenir inoubliable. Derrière chaque photo se cache une histoire à raconter".

Pour lui, la photo est importante mais sans doute moins que la vie au contact de la nature elle-même. Il apprécie particulièrement les sons de la forêt, la vivacité avec laquelle les oiseaux et les autres animaux se déplacent. "Je considère les excursions dans les forêts comme une joie sans fin pour l’âme, réduisant la pression invisible de la vie urbaine".

Grues à tête rouge.

Bien que Tang A Pâu soit un homme d’affaires, la photographie de la faune est sa passion sans fin. "Elle est pour moi comme un passe-temps, pas une profession". "Il y a encore peu de photographes vietnamiens spécialistes des oiseaux. Ils sont beaucoup plus nom-breux en Thaïlande et à Singapour par exemple. Ils parcourent le monde pour chasser des photos d’oiseaux rares. Certains d’entre eux m’ont d’ailleurs demandé de les guider dans les forêts du Vietnam".

Apprendre des oiseaux

"Les oiseaux ont des sens particuliers. S’ils sentent que nos yeux ne sont pas amicaux, ils s’envoleront immédiatement. J’ai appris d’eux une certaine innocence et une meilleure capacité à m’adapter à l’environnement. Leur indépendance est également élevée. Ils vivent dans certaines zones limitées. Chaque fois qu’un étranger s’immisce dans le territoire de quelqu’un d’autre, il recevra un avertissement".

Lorsqu’il entre dans la forêt, Tang A Pâu choisit le mode de vie le plus simple et le plus tolérant. "Je me lève tôt pour profiter des premiers rayons de soleil, admirer les minuscules gouttes de rosée sur les feuilles".

Il aime partager de belles photos de la nature pour éveiller la conscience des gens et les rapprocher de la nature. Il ne peut cacher ses inquiétudes face à l’extinction rapide des oiseaux sauvages au Vietnam. "L’une des principales raisons de ce déclin est le rythme vertigineux de la déforestation dans tout le pays. De plus, la chasse et le trafic illégal d’oiseaux rares aggravent le problème".

Cet amateur expose souvent ses photos lors d’évènements pour sensibiliser le public à la disparition des forêts naturelles du pays. Chacune d’entre elles constitue une œuvre à part entière où l’on reconnaît des espèces rares telles que la grue antigone, la cigogne épiscopale, le crocias du mont Langbian…

Ses clichés sont salués sur les forums de photographie prestigieux comme vnphoto.net et sur les réseaux sociaux. Sa collection témoigne de son amour ardent pour la nature et les oiseaux, auxquels il consacre beaucoup de temps.

"Nous devons faire quelque chose avant que ces oiseaux précieux ne disparaissent". C’est pour cela que Tang A Pâu a décidé de mettre ses photos en vente pour collecter des fonds à destination de l’Association vietnamienne de la recherche et de la conservation des oiseaux sauvages, qui a été récemment créée.


Thuy Hà/CVN

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