Une passerelle gastronomique entre le Vietnam et le Japon

Pour le Vietnamien Nguyên Ba Phuoc, 29 ans, la cuisine est bien plus que des recettes. C’est une histoire de partage. Il est devenu le 9e étranger à recevoir l’Insigne d’or "Goût du Japon".

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Nguyên Ba Phuoc souhaite rapprocher les cuisines traditionnelles japonaise et vietnamienne.

Nguyên Ba Phuoc est né à Son Tây, en banlieue de Hanoï. Depuis tout petit, chez lui, les repas sont des moments de partage, de rigolade et des bons souvenirs. C’est donc naturellement qu’il prend plaisir aussi à cuisiner, recevoir, pour sa famille et ses amis. Mais il n’aurait jamais imaginé qu’il deviendrait un jour passerelle gastronomique entre le Vietnam et le Japon.

La première expérience de Phuoc avec la cuisine japonaise est venue lors d’un stage où il travaillait comme serveur dans un restaurant japonais. À l’époque, la capitale vietnamienne n’en abritait que quelques-uns.

"Chaque jour, le patron du restaurant me demandait si je continuerais à revenir travailler", raconte-t-il. "Beaucoup de serveurs qui y avaient travaillé avant moi étaient partis à cause des règles strictes du propriétaire. C’était une contrainte pour beaucoup, mais pas pour moi", se souvient-il.

Grâce aux deux années qu’il a passées à travailler au restaurant et à une exposition de cuisine japonaise organisée à l’hôtel Nikko de Hanoï, qui présentait la beauté et la philosophie de chacun des plats japonais, Phuoc a développé une formidable passion pour la cuisine japonaise.

Des efforts qui ont porté leurs fruits

À tel point qu’il a quitté son emploi et s’est inscrit à un cours de japonais, espérant que cela l’aiderait à voyager au pays du Soleil-Levant et à étudier sa cuisine.

En 2016, Phuoc a reçu une bourse complète de l’Académie Hokuto Bunka à Hokkaido, et est devenu étudiant de sa faculté de cuisine la même année.

L’un des plus grands défis pour lui était la barrière de la langue. Bien qu’il ait atteint un niveau de japonais lui permettant de comprendre la langue dans des situations de la vie quotidienne, il lui était difficile de s’adapter à la culture locale et de créer des liens avec ses camarades de classe.

"Les Japonais n’aiment pas parler anglais et ils hésitent également à parler aux étrangers. Cela a rendu très difficile de nouer des contacts avec eux à l’école", dit-il.

Nguyên Ba Phuoc prépare des plats à l’école de cuisine de l’Académie Hokuto Bunka, en 2017.
Photo : CTV/CVN

Espérant surmonter les barrières linguistiques et culturelles, Phuoc s’est mis à améliorer sa maîtrise de la langue japonaise et à parfaire ses connaissances sur la culture, l’histoire et les institutions du pays.

Son travail acharné a porté ses fruits. En 2017, il a été honoré comme l’un des dix meilleurs résidents de la ville de Muroran pour ses réalisations dans l’étude de la cuisine traditionnelle japonaise et la promotion de la cuisine vietnamienne sur place. Un an plus tard, il était diplômé en cuisine japonaise traditionnelle, l’une des matières les plus difficiles de son école.

Phuoc a également obtenu un certificat du président de l’Association des cuisiniers d’Hokkaidou pour ses efforts dans la poursuite de la cuisine japonaise traditionnelle et l’insigne honorifique de membre actif de l’Association de recherche culinaire japonaise traditionnelle de Hokkaidou. Il a également été invité à la radio NHK World-Japan Vietnamese afin de partager sa passion pour la cuisine.

En 2020, l’ambassadeur du Vietnam au Japon, Vu Hông Nam, lui a remis un certificat pour ses contributions exceptionnelles envers la communauté vietnamienne d’Hokkaido. Phuoc est également devenu coordinateur de l’Association de recherche culinaire japonaise traditionnelle.

En février dernier, il a décroché le Graal en réussissant un examen reconnaissant et classant les compétences culinaires des plats japonais traditionnels à Kyoto, faisant de lui la neuvième personne étrangère et la première en Asie du Sud-Est à recevoir l’Insigne d’or "Goût du Japon".

"Pour les cuisiniers spécialisés en gastronomie japonaise traditionnelle, c’est le titre le plus noble et le plus souhaitable attribué par le gouvernement et l’Association des cuisiniers japonais", confie-t-il.

Ouverture d’un restaurant japonais au Vietnam

Pour obtenir l’Insigne d’or "Goût du Japon", les participants doivent avoir un diplôme national de chef délivré par le gouvernement japonais et avoir travaillé au moins deux ans dans un restaurant japonais traditionnel à compter de la date d’obtention du diplôme.

Actuellement, Phuoc est à la fois chef cuisiner dans un restaurant de sushi à Tokyo et conseiller spécial pour le restaurant Banh Mi Xin Chào. Il souhaite continuer à étudier en profondeur la cuisine japonaise. Il ne cache pas son ambition de mettre en contact des cuisiniers vietnamiens au Japon pour créer une Association de cuisiniers vietnamiens. Ceux-ci qui présenteront des plats vietnamiens aux Japonais, tout en aidant les jeunes vietnamiens au Japon à rechercher des bourses en la matière.

"Je vais retourner au Vietnam cette année. Dans l’avenir, je souhaite rapprocher les cuisines traditionnelles japonaise et vietnamienne, et partager mes expériences avec de jeunes cuisiniers", partage Phuoc. Il a aussi l’intention d’ouvrir son propre restaurant japonais traditionnel haut de gamme dans son pays natal.

Phuong Nga/CVN

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